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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/187

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FRÉDÉRICK

que je reste roi, pour que Hans Hammer soit dieu.

Il ajouta :

— Tu as amené les chevaux ?

— Les deux bêtes favorites de Votre Majesté, la jument noire qui s’appelle Nacht comme la haquenée d’Oriane, et l’étalon blanc que l’on nomme Grane, comme le palefroi de Brunehilde. Je les ai laissées sur le plateau de la montagne, près du chalet de votre nourrice ; pendant qu’ils broutent l’herbe rare et la neige, la vieille Wilhelmine prépare une soupe de lait et de pain noir pour notre repas du matin.

— Je reviendrai donc à Nonnenbourg, dit le roi mélancoliquement. Va, mon Karl, je te suis.

Et la main sur l’épaule de son jeune serviteur, Frédérick, la tête basse, commençait à descendre la pente de neige et de gel vers le plateau de la montagne.

Il s’arrêta et regarda autour de lui.

Le cirque énorme des Alpes, étage de granit, hérissé de sapins, prolongeait ses inclinaisons jusqu’au, fond des précipices blêmes que voile une vapeur ; sous l’azur vague où çà et là s’étirent des