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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/235

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FRÉDÉRICK

chef, se débandèrent avec des exclamations de joie ; il n’y avait plus ni prisonniers ni gardiens, mais une troupe d’enfants joueurs ; une petite fille s’étant avisée d’arracher une poignée d’herbes et de la lancer, à l’imitation de Lisi, au nez du lieutenant Karl, d’autres suivirent cet exemple ; et ce furent bientôt dans la clairière, entre les poneys blancs qui se mirent à hennir, parmi les broussailles, autour des arbres, des courses, des poursuites, des fuites, des bonds, toute une bataille de rires et de gestes fous, où les haillons achevaient de se déchirer aux broderies de soie sous une avalanche éparse de fleurettes envolées.

Le lieutenant Karl s’écria :

— Écoutez !

Les enfants s’arrêtèrent dans la surprise immobile du jeu interrompu.

— Eh bien ! quoi ? dit Lisi, ses cheveux dans les yeux, une sueur rose aux joues.

— Silence, écoutez.

En effet, un bruit de pas réguliers et nombreux sonnait au-delà des branches, tout près, sur la route.

Le lieutenant Karl reprit en baissant la voix :