Aller au contenu

Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/283

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
275
FRÉDÉRICK

vangélique Jérusalem, comme une oasis mystérieuse de prière et de foi, s’abritait dans un pli de vallon. Même l’irréligion moderne n’a pas pénétré dans cette espèce de théâtre claustral ; d’âge en âge, les traditions dévotes, y ont été conservées, sans s’altérer jamais. Chaque rôle de la tragédie sacrée est transmis, comme un héritage, dans la même famille ; on montre avec respect au voyageur le chalet où ont toujours habité les Jésus, et celui où sont nées toutes les saintes vierges ; peut-être une défaveur s’attache-t-elle à la race des Judas ; Caïphe doit inspirer peu de confiance dans les relations ordinaires de la vie ; on conseille aux jeunes gens de baisser les yeux quand Marie-Madeleine passe sous l’or embrasé de ses cheveux ; jamais Ponce-Pilate ne sera choisi pour juge dans le district.

Grâce à cette parfaite bonne foi, grâce à l’identification en quelque sorte séculaire, et jamais interrompue, des acteurs avec les personnages — une fois on aima mieux retarder la représentation décennale que de donner une doublure à Jésus-Christ qui avait été condamné à deux mois de prison pour délit de braconnage — ces pay-