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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/285

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FRÉDÉRICK

le Jeu avait été célébré ; il ne voulait pas voir de près la réalité de sa chimère ; du moins il garderait intact le souvenir de l’illusion.

En sortant du village, il suivit une venelle d’aubépines, puis se mit à errer dans une prairie, selon les caprices d’un petit sentier qui va, revient, s’éloigne encore avec l’air de ne pas savoir son chemin.

Peu à peu, Frédérick sentit diminuer sa tristesse. Après les premières amertumes de la déception, il songeait moins douloureusement. Ses résolutions pouvaient ne pas s’évanouir avec le miracle qui les avait fait naître ; le temps n’était plus sans doute où Dieu descendit parmi les hommes pour les retirer du péché, mais il n’est pas d’heure dans l’éternité où les hommes ne puissent s’élever à Dieu ! Il devait rendre grâce au hasard providentiel qui s’était servi d’un mensonge pour le conduire à la vérité. Oui, le sort en était jeté ! il fuirait à jamais la vie turbulente et sale dans la paix de la religion, dans les pures délices de l’amour divin. N’avait-il pas le droit de s’évader du monde ? qui donc avait besoin de lui sur la terre ? Le trône où il refusait de s’asseoir ne resterait pas vide ; la famille des