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LE ROI VIERGE

principale. Il élargit le cercle de ses connaissances, fraya avec les étudiants riches qu’il divertissait par son bavardage d’arsouille, s’insinua dans les cercles aristocratiques où fut inventée par lui la fonction chimérique d’aide-croupier. Prêt à tout, ne répugnant à rien ; connaissant les bons endroits où l’on soupe et les mauvais lieux où l’on aime ; sans égal pour dresser les menus, sans pareil pour choisir les filles ; excellant à calmer les créanciers hargneux et les maîtresses irascibles, faisant les courses ; souvent familier et toujours obséquieux, presque un ami, tout à fait un domestique, dînant quelquefois dans la salle à manger et ne refusant jamais de descendre à la cave, offrant de vous servir de témoin et cirant vos bottes le matin du duel, — remarquable d’ailleurs par un instinct de se trouver précisément où l’on avait besoin de lui, — il fut l’indispensable factotum du libertinage de toute une ville.

Il eut la chance de rencontrer deux associés dignes de lui : Minuche et Filouse.

Minuche, long, maigre, et bossu, — l’air d’un échalas où il y aurait un gros nœud, — était quelqu’un de qui on disait qu’il faisait des affai-