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LA DÉFECTION DE M. ROSSEL.

ferme, très concluante, elle diffère essentiellement des écrits emphatiques et obscurs auxquels nous ont accoutumés les écrivains de la Commune, et elle me révèle en outre bien des détails qu’il m’est fort agréable de connaître puisqu’ils me permettent de supposer que le règne de nos tyrans touche à sa fin. Je suis heureux de savoir que la Commune, si elle a de l’artillerie, n’a pas d’artilleurs. Il m’est doux d’apprendre qu’elle ne dispose que de sept mille combattants ; je craignais qu’elle ne fût en situation d’en faire tuer bien davantage ; et quant à ce que dit le citoyen Rossel des comités et des chefs de légion qui délibèrent au lieu d’agir, j’en suis charmé, puisque me voilà convaincu que la Commune sera tout à fait impuissante à continuer longtemps la lutte où Paris enfin périrait ; et cependant je désapprouve la lettre du citoyen Rossel, parce qu’elle est de sa part une sorte de trahison et que ce n’est pas aux amis ni aux serviteurs de la Commune qu’il convient de révéler ses fautes et de découvrir sa faiblesse. Qui donc a contraint le chef d’état-major Rossel à prendre la place de son général destitué et emprisonné ? N’a-t-il pas accepté librement une mission dont il devait depuis longtemps avoir reconnu les difficultés ? « Mon prédécesseur, dit-il, a eu le tort de se débattre au milieu de cette situation absurde. » Pourquoi s’être placé volontairement là où un autre avait mal fait de vouloir demeurer ? Si le nouveau délégué à la guerre espérait, par son habileté, modifier la position, il ne doit, la position étant restée ce qu’elle était, il ne doit s’en prendre qu’à sa propre insuffisance. En somme, ce qui pourrait être conclu de ses déclarations, c’est qu’il n’a ac-