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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/87

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LES OISEAUX BLEUS

noces, devait être si étrangement métamorphosée. Ils congédiaient les ambassadeurs avec beaucoup d’égards, sans consentement ni refus, et se désolaient autant qu’il est possible. Quant à Isoline, à qui l’on avait laissé ignorer son cruel destin, elle se souciait fort peu d’être épousée ou non ; son innocence ne s’inquiétait pas de cela ; pourvu qu’on la laissât jouer avec sa poupée et avec son petit chien dans les allées du jardin royal, où les oiseaux lui disaient : « Votre voix est plus douce que la nôtre », où les roses lui disaient : « Nous sommes moins roses que vos lèvres, » elle se montrait satisfaite, ne demandait pas autre chose ; elle était comme une petite fleur qui ne sait pas qu’elle doit être cueillie.

Mais un jour qu’elle était occupée à nouer une tige de liseron au cou de son bichon qui jappait d’aise, elle entendit un grand bruit sur la route voisine ; elle leva les yeux, elle vit un cortège magnifique en marche vers le palais, et, à la tête du cortège, sur un cheval blanc secouant sa crinière, il y avait un jeune seigneur qui avait si bonne façon, avec une