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Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/63

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à jamais la morgue académique. Ouvrons à la pensée, dans des termes tout nouveaux, dans des expressions de toute espèce, des points de vue inépuisables de vérité et de finesse. La prévention défavorable, le souffle empesté de l’esprit moqueur environnent les meilleures conceptions, ainsi que les meilleures actions, d’un brouillard funeste ; les portes de l’erreur sont plus larges que celles de la vérité. Mais le projet d’ouvrir une langue à toutes les pensées des hommes se développera de plus en plus sous la plume courageuse de ceux qui me succéderont. Qui sait si, dans l’atmosphère de l’esprit humain épuré et de la réunion de mille étincelles, il ne se formera pas un faisceau de lumière inconnu à toutes les nations du monde, et qu’un Vocabulaire hardi ne soit le premier gage de cette intéressante promesse ? Une grande espérance est rarement trompée, quand elle a souri à l’esprit de l’homme[1].

  1. C’est un grand mot dans la langue, que le mot sympathie ; tout homme pourrait se juger lui-même, si, en regardant bien au fond de son âme, il se rendait compte de sa sympathie. Celui qui, dans un rêve, poignarde son semblable, est un assassin ; qu’il veille dès ce jour-là sur lui-même, qu’il se craigne et qu’il