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Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/64

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( lii )

Les idiologues[1], en niant le souffle divin, ou en le soumettant à une multitude

    s’amende. Nous avons l’œil intérieur pour nous apercevoir ; et celui qui s’est aperçu bon, réconcilié avec l’existence, aura une physionomie, une démarche et un style qui diront à tous : Cet homme n’est pas méchant ; et le méchant devinera le premier que c’est là un homme d’une autre trempe que la sienne.

    Le sentiment de la vertu s’accroît et se fortifie par sa propre apercevance. Il ne tient qu’à l’homme de savoir s’il est bon ou méchant ; qu’il suive sa sympathie ; qu’il l’analyse avec courage : s’il a cette fermeté, s’il ose être lui-même son juge, il n’aura plus qu’à prier l’Être suprême de le continuer ou de le changer.

    Il n’y a sur terre que des hommes bons ou des hommes méchans ; point de milieu ; on appartient à l’une ou à l’autre de ces classes. On peut redevenir bon après avoir été criminel ; mais on n’est jamais bon ni méchant à demi. L’action morale, en son origine, n’admet point de nuances ; elle ne saurait être indifférente. C’est dans un des deux infinis que penche la balance ; la plus légère inclinaison détermine le bien ou le mal. Le balancier est en nous ; la conscience et le remords nous diront toutes ses oscillations. La langue étant le véritable organe de l’homme intérieur, il y a un style de bonté que l’on aperçoit facilement. Tout style obscur est un style de méchanceté ; l’homme qui l’emploie, veut tromper.

  1. Je dis idiologues, au lieu d’idéologues, pour me moquer de leur déplorable doctrine.