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Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/65

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d’opérations matérielles, rejettent loin de nous cette espérance.

Ils supposent que les hommes ont vécu pendant un grand nombre de siècles sans faire usage du langage ; c’est une absurdité. Le langage est un don du créateur, et naturel à l’homme, comme de penser et de réfléchir. Le sauvage fait de la métaphysique tout comme ............[1] ; souvent une pensée est exprimée dans sa langue par un seul mot. L’onomatopée est familière à tous les sauvages, et c’est plutôt une marque de force d’entendement que de faiblesse ; car avoir lié ensemble l’action, l’agent et le sujet, ce n’est point l’opération de pauvres facultés. Voyez le Huron former le verbe, cette partie du discours où l’on remarque le plus d’art : s’il ne le modifie pas, c’est que son imagination met tout, pour ainsi dire, au présent ; de là ces expressions hardies, animées, qu’on remarque dans leur élocution. Comme leurs idées sont immédiatement tirées de la nature, leur style est concis,

  1. Ton Phébus s’explique si bien,
    Que tes volumes ne sont rien
    Qu’une éternelle Apocalypse. (Maynard.)