Aller au contenu

Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( lx )

une langue toute nouvelle de dissiper la plus grande partie de nos erreurs. Elle fera sur-tout le désespoir de nos ordonnateurs du monde.

Je me suis séparé, et de toutes les puissances de mon ame, des métaphysiciens modernes français ; ils ont le ton de l’école et la sécheresse du nihilisme ; ils ont résolu, je crois, et par vengeance malicieuse, de me faire périr d’ennui et d’impatience ; non moins obscurs, non moins tranchans que des théologiens, la logomachie de ces nouveaux docteurs remplace les vieilles formes scolastiques : c’est le poison de la pensée, de la sensibilité, de la vertu et du style que leurs froides, discordantes et inutiles thèses, véritables scories de la science, et que le célèbre Kant a su frapper d’un mépris ineffaçable. Armés de leur terminologie, vous ne nous entendez pas, disent-ils gravement, et nous vous avons pris vingt fois sur le fait ; vous ne vous entendez pas vous-mêmes ; nous entendons Descartes, nous entendons Leibnitz, nous entendons Wolaston, Shaftesbury, Kant, et nous comprenons que vous êtes parfaitement creux. Primus sapientiæ gradus, est falsa intelligere.