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Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/73

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Établissons tout-à-coup la distance qui nous sépare ; écoutez ! Dieu existe, il a donné à l’homme la faculté de la parole ; atque affigit humo divinæ particulam auræ, comme le dit notre cher Horace, quoique Épicurien ; la parole est innée chez l’homme, la langue de l’homme n’est pas une convention… Vous fuyez à ces mots, vous craignez ce trait d’invincible lumière ! Eh bien ! nous aurons, nous, une métaphysique intelligible, sentimentale, adoratrice, qui plaît et qui plaira au genre humain. La vôtre est faite avec des ténèbres et pour des esprits de ténèbres.

Si toute la nature, lecteur, est en mouvement, il y a donc un premier moteur ; ce mouvement est assujéti à un ordre constant, il existe donc une intelligence suprême : brouillards fétides de la fausse métaphysique, n’obscurcissez point cette pensée lucide ! Et pourquoi les hommes reçurent-ils ce don le plus funeste, s’il n’est pas le plus beau de tous, le don de s’attendrir sur les malheurs de leurs semblables ? C’est qu’il y a un Dieu qui a l’œil ouvert entre mon frère et moi ; voilà les bases de toute morale. Vous ne la renverserez pas, froids et cruels idiologistes.