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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/121

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seuses enlevent de momens à la courte durée de notre existence !

Lorsqu’on songe que la poudre dont deux cents mille individus blanchissent leurs cheveux, est prise sur l’aliment du pauvre ; que la farine qui entre dans l’ample perruque du robin, la vergette du petit-maître, la boucle militaire de l’officier, & l’énorme catogan du batteur de pavé nourriroient dix mille infortunés ; que cette substance extraite du bled dépouillé de ses parties nutritives passe infructueusement sur la nuque de tant de désœuvrés : on gémit sur cet usage, qui ne laisse pas aux cheveux la couleur naturelle qu’ils ont reçue.

Douze cents perruquiers, maîtrise érigée en charge, & qui tiennent leurs privileges de S. Louis, emploient à peu près six mille garçons. Deux mille chamberlans font en chambre le même métier, au risque d’aller à Bicêtre. Six mille laquais n’ont guere que cet emploi. Il faut comprendre dans ce dénombrement les coëffeuses. Tous ces êtres-là