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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/195

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pour ruiner son pays & redoubler sa misere. Il parle d’équité, d’humanité, de bienfaisance ; & le projet qu’il va donner le lendemain, ruinera six cents familles : c’est un accaparement, c’est un monopole ; son or funeste va ravir à l’industrie pauvre ce qu’elle auroit pu gagner.

Une province est tout-à-coup dépossédée de ses productions. Tout est enlevé comme par enchantement. On honorera du nom de spéculation, ce qui n’est que l’ouvrage de l’avarice. Le monopoleur est un homme poli, qui parle des beaux arts : comment oseroit-on l’appeller un concussionnaire ? Il est vrai qu’il fait quelque bien en détail autour de lui, & des maux horribles en grand à cent lieues de sa demeure. Il semble étranger au royaume, & n’exister que pour ses maîtresses & ses adulateurs.

D’autres thésaurisent, & s’endurcissant à loisir, ne laissent échapper aucune parcelle de leur or entassé. En vain la misere les supplie en fondant en larmes ; en vain entendent-ils