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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/196

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le récit des calamités particulieres ; ils sont insensibles aux malheurs d’un honnête homme, comme à ceux de l’état.

Préférer une piece d’or à la vie de son frere, de son semblable ! Le nommer fainéant, coquin, paresseux, pour se dispenser d’être charitable ! Masquer son avarice sous des prétextes faux, tandis qu’on ne se dissimule pas à soi-même sa dureté ! Ah ! mérite-t-on ensuite le nom d’homme ?

Malheureux ! qui endurcis tes oreilles aux gémissemens de l’indigence, quand tu auras le linceul sur le visage, & que tu seras resserré dans un étroit cercueil, s’il te ressort quelques sentimens, dis, ne regretterois-tu point alors de n’avoir pas donné quelques parcelles de ces richesses inutiles, pour soulager les maux de tes freres ? Que te restera-t-il de cette grande opulence ? Un cercueil de plomb, & quelques marbres sculptés. Eh ! quand il est en ton pouvoir de métamorphoser ces pièces de métal en jouissances pures & intimes, apprends à les connoître, à les