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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/198

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mais enfin, il faut que tout homme vive. Eh ? qui donnera à manger à celui qui a bon appétit, si ce n’est le riche ?

Dix-huit à vingt mille hommes dînent régulierement le lundi chez le marchand, le mardi chez l’homme de robe, & progressivement ils achevent la semaine, en montant d’étage en étage. Le vendredi ils se rendent de préférence chez l’amateur de marée, & jamais ils ne se trompent sur le menu. Dans cette classe sont les agréables & les beaux parleurs, les musiciens, les peintres, les abbés, les célibataires, &c.

Ils ont vu tous les états, & sont au fait d’une infinité de caracteres : ces gens-là ne savent ni le prix du pain, ni celui de la viande : les variations des combustibles leur sont parfaitement étrangeres : ils ne paient que le porteur d’eau ; ils sortent de chez eux poudrés, frisés, à deux heures précises, & vont s’asseoir à des tables délicates, ayant pour passeport quelques historiettes, une pour chaque maison, & la gazette de la veille.