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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/212

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c’est que ces beaux ouvrages, qui font l’honneur de l’esprit humain, ne se commandent point, ne se paient point : au contraire, c’est la liberté naturelle d’un esprit généreux, qui se développe malgré les dangers, & qui fait un présent à l’humanité, en dépit des tyrans : voilà ce qui rend l’homme de lettres si recommandable, & ce qui lui assure la reconnoissance des siecles futurs.

Ces pauvres colporteurs, qui font circuler les plus rares productions du génie, sans savoir lire, qui servent à leur insu la liberté publique pour gagner un morceau de pain, portent toute la mauvaise humeur des hommes en place, qui s’attaquent rarement à l’auteur, dans la crainte de soulever contr’eux le cri public, & de paroître odieux.