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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/247

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ainsi que Sancho-Pança maudit son perfide médecin.

Malheur à l’homme lent à mâcher ses morceaux ! Placé entre ces avides & lestes cormorans, il jeûnera pendant le repas ; en vain il demandera sa vie aux valets qui servent ; la table sera nette avant qu’il ait pu se faire servir. Leurs oreilles accoutumées aux demandes réitérées, ne s’épouvantent point des cris & des menaces : il faut savoir manger, c’est le plus court ; car il est impossible de se faire obéir.

Quand ces vautours, ayant dévoré la part de leurs voisins, ont rempli les cavernes profondes de leurs intestins d’une maniere également gloutonne & impolie, alors de mangeurs ils deviennent parleurs impitoyables ; ils font retentir de leurs glapissemens les voûtes enfumées de ces salles à manger, & la confusion dans les sujets & les discours répond à l’impropriété des expressions & à l’indécence des propos. Ce seroit d’ailleurs un miracle, si l’on sortoit de ce lieu sans avoir