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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/249

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assigne leur rang & leur valeur ; & les poëtes qui vont débuter, y font ordinairement plus de bruit, ainsi que ceux qui, chassés de la carriere par les sifflets, deviennent ordinairement satiriques ; car le plus impitoyable des critiques est toujours un auteur méprisé.

Les cabales pour ou contre les ouvrages s’y forment, & il y a des chefs de parti, qui ne laissent pas que de se rendre redoutables ; car ils vous déchirent un écrivain qu’ils n’aiment pas, du matin au soir : souvent ils ne l’ont pas compris, mais ils déclament toujours ; & il faut que la réputation littéraire essuie paisiblement toutes ces bourrasques.

Dans le plus grand nombre des cafés, le bavardage est encore plus ennuyeux : il roule incessamment sur la gazette. La crédulité Parisienne n’a point de bornes en ce genre ; elle gobe tout ce qu’on lui présente ; & mille fois abusée, elle retourne au pamphlet ministériel.

Tel homme arrive au café sur les dix