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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/302

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Sans les coups du tems & la rage des incendies, les masses difformes de la barbarie la plus révoltante régneroient encore dans nos villes ; & nous n’avons appris à élever, à ennoblir notre imagination, que quand, au milieu d’une place déserte, nous avons perdu l’aspect des objets gothiques & de mauvais goût, avec lesquels nous étions familiarisés.

C’est quand les flammes ont dévoré, que l’on voit paroître la main hardie & créatrice : elle semble timide & inanimée devant ces antiques masures, que l’habitude superstitieuse respecte ; & l’on diroit qu’il lui en coûte plus pour enlever de misérables décombres, que pour édifier les monumens les plus superbes.

L’embrasement du Palais, qui a été si funeste, & qui pouvoit l’être à un point qui effraie l’imagination, ordonneroit aujourd’hui une autre forme au temple de la justice. Dépôt des annales & des archives de la nation, sanctuaire des loix, siege des assemblées les plus augustes, cet édifice devroit avoir ce caractere de majesté, de grandeur, qui an-