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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/159

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nisseur ; ni celle du parfumeur, quoiqu’ils fassent usage de ses cosmétiques ; ni celle du rapeur de tabac, qui les fait éternuer involontairement lorsqu’ils passent. Si l’on écoutoit toutes les prétentions de ces riches, il n’y auroit que des portes cocheres dans la capitale, & l’on matelasseroit les rues jusqu’à une heure, c’est-à-dire, jusqu’au tems où ils quittent l’édredon ou la chaise longue ; les cloches ne devroient plus retentir dans les airs ; & le tambour des Gardes, en passant sous leurs fenêtres, devroit être muet : car il n’appartient qu’à leurs équipages de faire du bruit en roulant sur le pavé, & de réveiller à deux heures du matin ceux qui dorment.

Les dix, les vingt, les trente du mois, on rencontre, depuis dix heures jusqu’à midi, des porteurs avec des sacoches pleines d’argent, & qui plient sous le fardeau : ils courent comme si une armée ennemie alloit surprendre la ville ; ce qui prouve qu’on n’a point su créer parmi nous le signe politique & heu-