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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/219

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les plus riches & les mieux ordonnées, quelques années en-arriere.

Quand les fournisseurs, impatiens d’attendre, sollicitent enfin leur paiement, l’intendant vient au lever de M. le duc, & lui dit : monseigneur, votre maître-d’hôtel se plaint que le boucher ne veut plus fournir de viande, parce qu’il y a trois ans qu’il n’a reçu un sol ; votre cocher dit que vous n’avez qu’une seule voiture en état de servir, & que le charron ne veut plus avoir l’honneur de votre pratique, si vous ne lui donnez un à-compte de dix mille francs ; le marchand de vin refuse de remplir votre cave, le tailleur de vous donner des habits… Les impertinens ! s’écrie le maître, qu’on aille chez d’autres. Je leur retire ma protection.

Il trouve d’autres fournisseurs, quoique les premiers n’aient pas été payés. Le soir il risque cinq cents louis d’or au jeu ; & s’il en perd cinq cents autres, il les paie le lendemain. Un créancier de cartes l’emporte toujours sur un créancier de pain ou de viande.