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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/239

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Le parlement de Paris a fait brûler vif en 1663 Simon Morin, parce qu’il se disoit incorporé à Jésus-Christ. Cette épouvantable barbarie date du beau siecle de Louis XIV, lorsqu’il donnoit des fêtes élégantes & superbes, lorsque Corneille, Racine, la Fontaine écrivoient, lorsque Lebrun tenoit le pinceau, lorsque Lully & Quinaut marioient leurs talens. Mais les poëtes, les peintres, les sculpteurs, les musiciens décorent une nation & ne l’éclairent pas.

Un philosophe courageux auroit sauvé la vie à Simon Morin, en démontrant la double démence des juges & de l’accusé. Ce philosophe ne se trouva pas. Boileau fit la même année une plate satyre, non contre le parlement qui avoit livré à l’horrible supplice des flammes un insensé, mais contre quelques auteurs qui ne versifioient pas aussi heureusement que lui. Racine, s’enfermant dans son cabinet, composa une tragédie françoise d’après une tragédie grecque ; il immola son Iphigénie, & parla de Calchas, sans