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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/245

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travaille sourdement, qu’il examine de près les claviers qu’il doit toucher. Il maintient son existence & son crédit par des moyens souples, adroits, & qui varient selon les circonstances.

Le corps qui a le moins de préjugés, (le croiroit-on !) c’est le clergé ; il sait très-bien ce qu’il fait ; il connoît le cours & l’ascendant des opinions régnantes ; il a reconnu sa véritable position ; il fait quelquefois le fanatique dans des mandemens, & il ne l’est pas. Il fixe les yeux en tremblant sur le précipice où la loi des destins l’entraîne, il en recule l’époque qu’il juge lui-même inévitable : mais il l’éloigne en n’affectant ni crainte, ni audace ; & mettant à profit les passions de tout ce qui l’environne, il se défend de ces passions indiscretes qui agitent les autres corps & les empêchent de marcher droit vers un but unique.

Lui-même donne un frein à sa milice superstitieuse qu’il méprise, tandis qu’il estime ses ennemis ; il est éclairé ; il ne com-