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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/253

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trône, & la quantité de plats qu’on pose sur la table royale. Les carrosses surdorés, les Cents-Suisses, les Gardes-du-Corps & les tambours le frappent aussi beaucoup.

Ce qui étonna le plus le sauvage amené à la cour de Charles IX, ce fut de voir les Cents-Suisses, hauts de six pieds, avec leurs moustaches & leurs hallebardes, obéir à un petit homme qui avoit le visage pâle & les jambes grêles. Le Parisien est loin de sentir la réflexion du sauvage. Qu’on lui dise qu’un autre Indien voyant le tableau où saint Michel terrasse le diable avec une majesté tranquille & sans effort, s’écria, ah, le beau sauvage ! il ne comprendra pas mieux ce trait que le précédent, fût-il des six corps ou garde-notes.

Rien n’amuse plus un philosophe, que de se promener seul dans cette galerie, & de roder ensuite par-tout. Il n’a rien à demander aux ministres, ni aux gens en place ; il ne les connoît que de vue ; il va à leurs audiences ; il assiste aux dînés des princes