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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/327

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incessamment, quelle immense population ! Je le répete, il ne faut que des yeux pour en reconnoître l’étendue.

On m’a accusé enfin d’avoir exagéré les miseres publiques ; j’ose répondre que j’ai retenu quelquefois, mon pinceau, afin de ne pas paroître outré. Voici ce qu’on lit dans le Journal de Paris, qui a un censeur pointilleux, & qui est soumis à la plus sévere inspection & revision.

« Une femme chargée d’enfans, & réduite à la plus affreuse misere, écrivit à M. le curé de Sainte-Marguerite : Il y a deux jours que je suis sans pain ; mes enfans meurent de faim, & je n’ai pas la force d’aller me jeter à vos pieds pour implorer votre pitié. Ce respectable pasteur vole au secours de cette famille infortunée. Au milieu des visages pâles & défigurés par le besoin, il apperçoit un enfant de quatre ans étendu sur le carreau, adressant à sa mere ces paroles déchirantes : maman, je vais donc manger ma chaise ? » Journal