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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/78

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que leurs charmes ne sont pas faits pour n’appartenir qu’à un seul.

Tous les arts deviennent complices de ces exhortations à l’infidélité, tous s’empressent à les confirmer dans cette idée, à achever d’éteindre tout scrupule dans leurs ames. Nos tableaux, nos statues & nos estampes, qu’offrent-ils ? Tous les tours heureux & triomphans, joués au pauvre dieu d’Hymen. Nos peintures ne sont pas plus chastes que nos vers.

Mais de nos jours, ô raffinement criminel ! on a été encore plus loin que l’adultere ; on a corrompu l’institution la plus auguste ; on s’est servi des loix même, pour consacrer le libertinage & en produire les fruits avec audace. Cette dépravation, ce nouveau scandale, date de notre siecle : c’est encore un crime du luxe.

Un homme opulent est attaché à une fille, en a des enfans dont la loi feroit des bâtards. Il imagine de leur donner un nom & un rang ; il ordonne qu’on lui cherche quelqu’un de