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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/79

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noble, mais dont les adversités ont dénaturé l’ame : on le trouve, on le marchande ; il est sorti d’une famille qui a un nom, mais indigente ; il a été élevé dans une fierté oisive, & il n’a pas de pain. Réduit à une pareille extrémité, l’honneur n’est pour lui qu’un vain nom. On lui propose d’épouser cette fille, & d’en reconnoître les enfans : il aura une pension qu’il ira manger dans le coin d’une province éloignée.

Le noble d’abord a quelque répugnance ; mais l’or, ce puissant mobile des actions iniques, l’or le décide. On le mene chez un notaire, où il signe un contrat qui lui assure véritablement une pension, mais qui porte une réparation de biens préliminaire.

Figurez-vous cet homme qui le lendemain trouve, dans une chapelle obscure, quatre témoins, & devant l’autel, une fille jeune & charmante qu’il n’a jamais vue : voilà sa femme, mais sous la condition expresse qu’elle ne sera jamais à lui.

Elle sort en ce moment des bras de la