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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/233

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deux ou trois expériences chymiques pour y parvenir ; & si l’on réussissoit, cette découverte ne renverseroit-elle pas la plus grande partie de la science économique ? Si la nourriture des hommes étoit à leur disposition, à peu près comme l’eau qu’ils boivent, que deviendroient les spéculations sur les bleds ? Que deviendroit la science économique ?

Second problême. Le papier-monnoie, sujet à de tristes abus, il est vrai, ne convient-il cependant pas aux états corrompus & sortis de leurs limites, ainsi que le mercure convient aux vérolés ? La France ne feroit-elle pas mieux, puisque tous les quinze ans elle fait la guerre, d’avoir, au lieu de ces parchemins qui ne sont que pour les riches, les petites bandes de papier qui font jouir le pauvre ? Qu’importe que ce soit une illusion ? L’argent n’en est-il pas une aussi ? Il n’y a que la derniere génération qui pourra se plaindre ; & les métaux sont plus écrasans que le papier qui vivifie, qui anime la circulation, & ne trompe qu’une fois.