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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/290

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On les vend pour du bœuf, dont les grosses maisons & les couvens ont emporté toutes les fortes pieces ; il ne reste au petit bourgeois qui achete en détail, que de la vache. Partout ailleurs il y a une différence dans le prix des viandes ; ici la vache se vend publiquement au même taux que le bœuf : surcharge excessive pour le pauvre, tort réel à la nourriture publique. Un nouveau tarif seroit de toute équité ; car pourquoi faut-il que je paie la vache au même prix que le bœuf ? Et pourquoi me livre-t-on de la vache quand je demande du bœuf ? Ce n’est qu’à Paris qu’un pareil abus est, pour ainsi dire, consacré, malgré les plaintes journalieres du peuple.

Point de pays où l’on excelle mieux dans l’art de couper la viande, c’est-à-dire, de la dépecer de maniere que les os ne sont jamais séparés de la chair. On vend pour de la tranche un côté de mâchoire ; & l’indigent qui n’a qu’un pot-au-feu, est étonné de trouver une dent dans un morceau qu’on lui a donné pour de la culotte.