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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/327

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les disputes intérieures ne sont remarquées de l’étranger : ce seroit un vrai scandale. La femme aigre, impérieuse, rencontre ordinairement un mari plus raisonnable, qui lui cede & ne fait que rire de ses caprices.

Liés intimement par leurs intérêts domestiques, ils les soutiennent de concert & avec prudence. La coutume de Paris donne aux femmes des droits très-étendus qu’elles n’ont point ailleurs : aussi sont elles consultées sur toutes les affaires, qui ne se font que par leur entremise. Sans les femmes, aucune affaire ne se conclut.

Quelquefois deux époux, après avoir mené chacun une vie dissipée, viennent à se reconnoître, & se rapprochent sur la fin de leur carriere. Ils se pardonnent leurs torts réciproques. Une douce amitié fait alors le charme de leur vieillesse. Ils goûtent, quoiqu’un peu tard, ce bonheur domestique auquel rien ne peut suppléer. Tels se seroient aimés constamment toute leur vie, s’ils n’en eussent pas prononcé le serment à l’autel.