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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/196

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» À la préfecture de police je fus mis dans une chambre avec le cadavre de Flourens à mes pieds.

» Des créatures élégamment vêtues, la plus grande partie en compagnie d’officiers de l’armée, venaient toutes souriantes voir le cadavre de Flourens, il ne leur faisait plus peur ; d’une façon infâme et lâche, elles fouillaient du bout de leurs ombrelles la cervelle de ce mort.

» Dans la nuit je fus séparé à jamais des restes sanglants de ce pauvre et cher ami et renfermé dans les caves.

» Ainsi fut assassiné et outragé après sa mort Gustave Flourens par les bandits de Versailles.

 » Amilcare Cipriani. »

Flourens eut-il la vision de l’hécatombe d’après les premières horreurs commises par l’armée de Versailles ? jugea-t-il, combien les hommes de la Commune, ainsi que lui confiants, généreux, épris des luttes héroïques, étaient vaincus d’avance, par les trahisons, l’infâme politique de mensonge suivie par le gouvernement ?

Je faisais partie à cette sortie du 61e bataillon de marche de Montmartre, corps d’armée d’Eudes, et j’aurais pu vérifier si je n’en eusse été sûre déjà, que ni la crainte de mourir, ni celle de donner la mort, mais l’appel de l’idée à travers la mise en scène grandiose d’une lutte armée restent dans la pensée.

Après avoir pris les Moulineaux, on entra au fort d’Issy, où l’un de nous eut la tête emportée d’un obus.

Eudes et son état-major s’établirent au couvent des Jésuites à Issy.

Deux ou trois jours après, drapeau rouge déployé, venaient nous retrouver une vingtaine de femmes parmi lesquelles Béatrix Excoffons, Malvina Poulain, Mariani Fernandez, mesdames Goullé, Danguet, Quartier.