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Page:Michel - Prise de possession.djvu/18

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gements ; sur eux dans les champs l’herbe pousse plus haute et plus touffue. Mais la délivrance ne vient pas, c’est que tu l’implores au lieu de la prendre.

Nul n’a le droit d’asservir les autres, celui qui prend sa liberté ne fait que reprendre ce qui lui appartient, le seul bien véritable.

Entre tous les maîtres de race latine, teutone, slave peu importe, existe l’alliance de la force, les dominateurs sont unis autant que sont divisés les esclaves.

Quand les troupeaux deviennent menaçants on les décime à l’abattoir des guerres.

L’animal humain comme le cheval de course, le taureau de combat subit en aveugle l’entraînement auquel son ignorance aussi profonde que celle de la bête et son imagination plus haute le livrent tout entier.

Et les mensonges de la politique, pareils aux ailes des vampires, bercent doucement les foules dont le sang les abreuve.

Les promesses fallacieuses miroitant aux yeux des meurt-de–faim ne pourront pas durer éternellement.

Un jour, peut-être proche, du fond du désespoir soufflera la révolte, est-ce par une grève générale, par une catastrophe, l’écroulement du pouvoir aussi bien que par le soulèvement des foules, qui sait ? On la sent proche, son haleine souffle sur nous froide comme la haine et la mort.

La haine du charnier ; des geôles, des lazarets où stupidement comme s’entassent les moutons en attendant le couteau, se tient l’humanité.

Veux-tu paysan cesser ta résignation éternelle et idiote ? laisse là ta charrue jusqu’à ce que la terre appartienne à l’homme et non aux vautours ; il y a des grains entassés pour des siècles, puisque tu meurs de faim, mange le blé de tes semailles, — sois tranquille cela ne détruira pas les moissons futures, que celui qui sème le grain mange du pain !

Refuse paysan, ton fils pour aller égorger les autres peuples, ta fille, pour les plaisirs des maîtres ou des valets ;