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Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/197

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ler avec une amertume qui, chaque jour, grandissait. « L’marquis », de plus en plus brillant, n’avait fait que deux courtes apparitions à Freulemont. Quant à « Ma’me Béhu », elle venait, tous les dimanches, chez son père, avec « l’moustachu ». Mais à peine si le bonhomme semblait s’apercevoir de leur présence. D’ailleurs, la plupart du temps, il profitait de ces visites, qui l’importunaient, pour courir les champs, ou se livrer à quelque occupation mystérieuse, au loin. Outre qu’il gardait rancune à Fanchette d’avoir trompé ses espérances, en épousant François Béhu, il ne pouvait souffrir les nouvelles allures de belle dame qu’elle avait prises à la ville. Il haussait les épaules de la voir « attifée comme une caricature », sans bonnet, les cheveux au vent, un chignon relevé sur le haut de la tête, et des mèches qui s’ébouriffaient sur le front, pareilles aux poils des chiens de berger. Et c’étaient des manières de parler, grasseyantes et précieuses, des balancements étudiés du derrière,