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Page:Missions étrangères de Paris - Le catholicisme en Corée, son origine et ses progrès, 1924.pdf/86

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la frontière, que le Japon, lui aussi, venait demander sa liberté. Décidément les temps étaient changés ! Et c’étaient des gouvernements païens eux-mêmes qui intervenaient cette fois pour protéger les missionnaires. Malheureusement les chrétiens qui avaient été arrêtés avec l’évêque, ne bénéficièrent pas de ces interventions, et presque tous moururent en prison. Parmi les chrétiens qui donnèrent à cette époque leur vie pour Jésus-Christ, il faut signaler en particulier Tchoi Jean, le vieux maître de maison de Mgr. Ridel. Arrêté avec le Prélat, il mourut de misère en prison, le 14 Juillet. Ce bon serviteur avait fait depuis 1866 plusieurs voyages en Chine, et avait préparé activement la rentrée des missionnaires. Calligraphe habile, c’est lui qui écrivit les caractères coréens, qui servirent de modèles pour la fonte des types mobiles lors de l’impression à Yokohama de la grammaire et du dictionnaire coréen-français, dont il va être question un peu plus bas. Entre ses voyages en Chine, il présidait à la résurrection de l’Église coréenne, encourageant les uns, conseillant les autres, écrivant régulièrement à l’évêque alors en résidence à Tchakou, comme nous l’avons vu, donnant les renseignements les plus circonstanciés sur la pauvre Mission en ruine. Lors de sa mort, un fait curieux se produisit, qui est à relater, étant donné les témoins qui le racontent. Le P. Blanc était alors provicaire. C’était le matin, il venait de se lever, et était en train de mettre ses bas, quand, levant les yeux, il aperçut Tchoi Jean dans un coin de la chambre. Tout impressionné par cette vision, alors qu’il le savait malade en prison, le Père instinctivement ferme les yeux : quand il les rouvrit, il n’y avait plus personne dans la chambre. De suite, la pensée lui vint que le courageux chrétien était mort, et il célébra la messe à son intention. De fait quelque temps après, on apprenait la nouvelle de sa mort. Ce fait est raconté par Mgr. Mutel, lui-même, qui, bien des fois, l’a entendu de la bouche de Mgr. Blanc.


GRAMMAIRE ET DICTIONNAIRE CORÉEN. — Nous avons vu que l’exil forcé des missionnaires en Chine pendant 10 ans avait eu au moins pour résultat de leur permettre, entre deux