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Page:Missions étrangères de Paris - Le catholicisme en Corée, son origine et ses progrès, 1924.pdf/90

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chrétiens, pour sa peine, on lui cassa les dents, et la nuit suivante, il fut condamné à mort.

Toutefois, et c’est bien la manière orientale, pour donner une petite satisfaction aux plus irrités d’entre les lettrés, et aussi leur imposer silence, le roi fit paraître un édit, le 12 Juin 1881, dans lequel, après avoir outragé notre Sainte Religion, et avoué l’impuissance de ses prédécesseurs à l’anéantir, il indiqua, comme seul moyen de la faire disparaître, de s’appliquer de plus en plus à suivre la doctrine de Confucius, et « l’erreur, dit-il, tombera d’elle-même. » En même temps, il défendait au préfet de police d’inquiéter les chrétiens. En vérité les temps étaient changés.


LES TRAITÉS ENTRE LA CORÉE ET LES PUISSANCES ÉTRANGÈRES. — L’expédition française de 1866, et l’expédition américaine de 1871, n’avaient pas réussi à ouvrir la Corée. Le Japon commença, nous l’avons vu, à lui imposer, en Février 1876, le traité de Kang-hoa, et de ce fait les Japonais s’introduisirent peu à peu dans le pays, à Séoul surtout.

En 1882, le 22 Mai, ce fut le tour des États-Unis de signer un traité avec la Corée. Sur ce, l’Angleterre et l’Allemagne entamaient des négociations, imitées en cela par la France et les autres puissances, les années suivantes. Mais ces négociations n’étaient pas du goût de bien des coréens : c’était, en particulier, la faillite de la politique du fameux Tai-ouen-koun. Celui-ci, furieux, essaya d’une révolution contre le roi et les Japonais. (Juillet 1882) Mal lui en prit ; le Japon le prit de haut, et voulut s’en venger. Les coréens, pour échapper aux horreurs d’une guerre, ne purent que faire de plates excuses et ils signèrent un nouveau traité bien dur pour leur orgueil. Désormais les troupes japonaises auraient droit de résider à Séoul. Cette clause du traité surtout mit les Chinois en fureur. Ils ne pardonnèrent pas au régent de n’avoir pas réussi dans sa tentative, et un beau jour d’automne, ils attirent le Régent dans leur camp et l’emmènent en Chine à Paoting-fou, où il subit un exil de plusieurs années, avant qu’il lui fût permis de revenir en Corée. Les païens eux-mêmes n’ont pas manqué de voir en tous ces événe-