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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/69

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MERCIER.

forme. Ces éditions seraient publiées avec une pompe qu’égaleraient à peine celle du catalogue d’Oxford, le Nouveau Testament cophte de Woide et la description de la Turquie par d’Ohsson. Bref, vous entendriez retentir dans les quatre coins de l’Europe un tel cri d’admiration, de joie et de surprise, que peut-être, pour quelque temps, les savants en oublieraient l’Iliade sanglante du chantre de l’Ionie et son Odyssée qui fourmille de tant d’erreurs géographiques !… » Il est supposable que Mercier fut satisfait d’un tel éloge, ou bien ce serait à désespérer de l’orgueil humain : car jamais sympathie plus effrénée n’accueillit un auteur, surtout un auteur français.

Dans cette période de sept années, il ne s’occupa pas seulement du Tableau de Paris ; il fit encore paraître Mon Bonnet de nuit, en quatre volumes, et, pour y faire suite, Mon Bonnet du matin, en tout huit volumes de mélanges agréables à lire. Il continua également à augmenter la série de ses pièces de théâtre. Une d’entre elles, qui met en évidence un caractère comique et fort bien saisi, est intitulée l’Homme de ma connaissance. Cet homme devient amoureux de toutes les femmes qu’il rencontre : d’abord épris d’une jeune veuve, il rend visite à la maîtresse de son meilleur ami et lui fait une déclaration ; puis, c’est la soubrette qu’il veut emmener dans son château ; ensuite, il voit une dame de cinquante ans et se laisse captiver par son amabilité. Surpris a ses genoux, il reconnaît qu’il était le jouet de toutes ces femmes, — lorsque, pour le consoler, on lui apporte un portrait. Le voilà sur-le-champ devenu amoureux de l’ange qui y est représenté, et il se mettrait