Aller au contenu

Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
CHATEAUBRIAND

I

Chateaubriand entra dans la vie par la grande porte des forêts. Enfant de cette sombre Bretagne qui ne produit que des hommes-chênes ou des conscrits nostalgiques, il en garda toujours le double caractère de force et de mélancolie. Les fées aux harpes d’or, qui veillent dans ces antiques feuillages, descendirent sur son berceau pour lui nouer au front la verveine sacrée. On l’éleva dans un château noir d’où il entendait chanter la mer, — la mer, sa première et sa dernière passion ! Mais sa jeunesse fut triste comme un poëme d’Ossian. Ne jetez pas vos enfants dans les bois. La nature toute seule est un maître dangereux, qui fera d’eux des sauvages si elle n’en fait des poètes, des monstres si elle n’en fait des génies. Il vaut mieux d’abord se