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Page:Montesquieu - Deux opuscules, éd. Montesquieu, 1891.djvu/27

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faisoit de la consommation de ses Armées, de celles de ses Alliés, & même de celles de ses Ennemis.

On fait aujourd’hui la guerre avec tant d’hommes quun Peuple qui la feroit toujours s’épuiseroit infailliblement.

Autrefois on cherchoit des Armées pour les mener combattre dans un pais. A présent on cherche des pais pour y mener combattre des Armées.

II

De plus il y a des raisons particulières qui font qu’en Europe la prospérité ne peut être permanente nulle part, & qu’il y doit avoir une variation continuelle dans la puissance qui dans les trois autres Parties du Monde est, pour ainsi dire, fixée.

L’Europe fait à présent tout le Commerce & toute la Navigation de l’Univers : or, suivant qu un Etat prend plus ou moins de part à cette Navigation ou à ce Commerce, il faut que sa puissance augmente ou diminue. Mais comme la nature de ces choses est de varier continuellement, & d’être relatives à mille hazards, surtout à la sagesse de chaque Gouvernement, il arrive qu’un Etat qui paroît victorieux au dehors se ruine au dedans, pendant que ceux qui sont neutres augmentent leur force, ou que les vaincus la reprennent ; &