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Page:Montesquieu - Deux opuscules, éd. Montesquieu, 1891.djvu/36

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MONTESQUIEU

lie, de Germanie, d’Aquitaine, & de tous les démembremens que Ton vit dans ces tems-là.

Lorsque la perpétuité des Titres & des Fiefs fut établie, il fut impossible aux Grands Princes de s’agrandir par le moyen de leurs Vassaux qui n’aidoient que pour se défendre, & ne conquéroient que pour partager.

XI

Les Normans s’étant rendus maîtres de la Mer pénétrèrent dans les terres par l’embouchure des rivières, & s’ils ne conquirent pas l’Europe, ils faillirent à l’anéantir.

On leur donna la plus belle Province de la France Occidentale, leur Duc Guillaume conquit l’Angleterre qui devint le centre de la Puissance des Rois Normans & des tiers Plantagenetes qui les suivirent.

Les Rois d’Angleterre furent bientôt les plus puissans Princes de ces temps-là : ils possedoient les plus belles Provinces de la France & leurs Victoires leur promettoient sans cesse la conquête de toutes les autres.

Il ne faut pas juger de la force que les differens païs d’Europe avoient autrefois par celle qu’ils ont aujourd’hui, ce n’étoit pas proprement l’étendue 8c la richesse d’un Royaume qui en faisoit la puissance, mais la grandeur du Domaine du