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Page:Montesquieu - Deux opuscules, éd. Montesquieu, 1891.djvu/43

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MONARCHIE UNIVERSELLE

La fortune de cette Maison devint prodigieuse. Charles-Quint recueillit les successions de Bourgogne, de Castille & d’Arragon ; il parvint à l’Empire ; & par un nouveau genre de Grandeur, l’Univers s’étendit, & l’on vit paroitre un Monde nouveau sous son obéissance.

Mais la France qui coupoit partout les Etats de Charles, & qui étant au milieu de l’Europe en étoit le cœur si elle n’en étoit pas la tète, fut le centre où se rallièrent tous les Princes qui voulurent deffendre leur Liberté mourante.

François premier qui n’avoit pas ce grand nombre de Provinces que la Couronne a acquises depuis, qui essuya un malheur qui lui ôta jusqu’à la liberté de sa Personne, ne laissa pas d’être le rival perpétuel de Charles, & quoi[que dans son Etat les Loix eussent mis des bornes à sa puissance][1] il ne s’en trouva pas affoibli parce que le Pouvoir arbitraire fait bien faire des efforts plus grands, mais moins durables.

XVI

Ce qui intimida le plus l’Europe fut un nouveau genre de force qui sembla venir à la Maison d’Autriche ; elle tira du Monde nouvellement

  1. Montesquieu a rayé les mots entre crochets et a écrit au-dessus : « qu’il gouvernât selon les loix. » En marge : « si cela est trop fort, il faut mettre : et quoiqu’il gouvernât selon les loix. »