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Page:Montesquieu - Deux opuscules, éd. Montesquieu, 1891.djvu/63

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mais cet homme d’esprit nous nuira plus dans la suite que les trois autres ne nous seront utiles : nous courons après les billets blancs et manquons les billets noirs.

On fait plus de cas des hommes par rapport aux qualités de leur esprit, que par rapport à celles de leur cœur, et peut-être n’a-t-on pas grand tort, outre que le cœur est plus cache, il est à craindre que les grandes différences ne soient dans l’esprit et les petites dans le cœur ; il semble que les sentiments du cœur dépendent plus de l’économie générale de la machine qui dans le fond est la même chose, et que l’esprit dépende plus d’une construction particulière qui diffère dans tous les sujets.

Les sentiments se réduisent tous à l’estime et à l’amour que nous avons pour nous-mêmes, au lieu que nos pensées varient à l’infini.

Il y a une chose qui, par un grand malheur, nous ote plus la considération que les vices, ce sont les ridicules, un certain air gauche déshonore bien plus une femme qu’une bonne galanterie ; comme les vices sont presque généraux, on est convenu de se faire bonne guerre, mais chaque ridicule étant singulier on le traite sans quartier.

La réputation contribue moins à notre bonheur que la considération, car, quand Un homme célèbre s’est une fois fait à cette idée que quelques étrangers l’estiment beaucoup, le voilà au bout de son