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Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/117

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Je la quittai. Je voulais prendre un peu de repos. Je n’avais pas demandé à Rair des nouvelles de Toupahou. Le misérable m’eût menti. Alors, à quoi bon ?

Vers neuf heures du soir, je sentis soudain que ma fatigue se dissipait rapidement ; c’était comme si de nouvelles forces m’eussent été insufflées. Je retrouvai ma vigueur de vingt ans. Lucide, joyeux, frais et dispos, je dus me retenir pour ne pas chanter. Mais un frisson me prit : je venais de me rappeler que c’était l’heure où les machines à sang lançaient leurs effluves nourriciers... Je compris. Ce bien-être, je le devais au sang des Nouriens, au sang de mes semblables, d’hommes comme moi ! Je fus dégoûté de moi...

A deux heures du matin, je devais lancer la seconde colonne d’obus volants. J’essayai de prendre un peu de repos, étendu sous ma tente, au pied de la pyramide du Grand Conseil. Les terrasses étaient désertes, Rair ayant donné l’ordre à la population de se retirer dans ses demeures. Le calme le plus complet régnait. Les hommes-singes dormaient. Seules veillaient les sentinelles postées devant les appareils avertisseurs...

Je commençais à somnoler, lorsque d’épouvantables hurlements retentirent. Par les ouver-