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Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/12

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vers la boule violette que le matelot avait enfin réussi à soulever et enserrait de ses grosses mains tatouées.

— Ça pèse plus que du plomb ! Vingt fois plus ! dit l’homme dont le visage était rouge et les veines des tempes gonflées par l’effort qu’il soutenait.

Il laissa retomber la mystérieuse sphère et poussa un soupir énorme.

— Plus de cent livres ! murmura-t -il en s’essuyant le front de la manche de sa vareuse.

— Là ! Là ! La boule ! répétait cependant l’aveugle en tendant les mains vers la sphère. Damn'd ! Reconduisez-moi à bord, garçons ! Je n’y vois plus ! Oh ! ma tête !

— Je vous le dis, moi, qu’il y a le diable dans cette damnée île ! gronda un matelot nègre.

— Ferme-la, Sam, brute idiote que tu es... Vous êtes tous des porcs et des bons à rien ! Reconduisez-moi à bord, ou je vous rosse !... Attendez un peu que mon étourdissement soit passé ! menaça le capitaine Ellis. Je vous trouverai la marche, moi !

Ces paroles, prononcées par un homme privé de la vue, étaient tout simplement grotesques. Mais les marins du Grampus étaient tellement habitués à trembler devant leur capitaine que pas un n'osa élever la voix.