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Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/129

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me hissa sur la terrasse, où je restai atone, hagard, pendant quelques instants, sans reconnaître les êtres qui s’agitaient autour de moi.

Enfin, je me redressai et me débarrassai de mon masque qui était resté suspendu sur ma poitrine. Autour des terrasses, les travaux continuaient avec acharnement. Le grincement des engrenages, le sifflement des excavatrices, le grondement des dragues formaient un vacarme effroyable.

Je me fis conduire dans une des cabines régénératrices où je fus soumis à des courants concentrés qui me rendirent des forces. Malgré moi, je pensais que les effluves sauveurs provenaient maintenant du sang des Nouriens... du sang d’hommes comme moi !

Rair avait-il raison ? Je dus m’avouer qu’avec l’ancien système, avec le sang d’animaux, je n’aurais jamais été aussi vite réconforté...

Mais les machines à sang ne pouvaient rien pour mon esprit, si elles étaient capables de régénérer mes tissus. L’image de Silmée, de mon unique enfant, qui gisait, écrasée, en bouillie, dans les profondeurs de la terre, m’oppressait.

Je réussis à me dominer, à dissimuler les tortures morales qui me tenaillaient, et, par téléphone, rendis compte à Rair de ce que j’avais