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Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/156

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de moi me flaira, m’adressa quelques mots à peine articulés et me fit passer une pioche.

Je me mis au travail.

Un travail extrêmement pénible et épuisant, d’autant plus que je ne possédais pas le dixième de la vigueur des hommes-singes.

Fouaillé, menacé, insulté, je travaillai...

J’avais été condamné à perdre la raison. Combien de temps allais-je souffrir avant que cette sentence reçût son exécution ?

Ma fille était morte. Si je devenais fou, mes projets de vengeance contre Rair deviendraient vains, à jamais. Et mourir sans m’être vengé me semblait mourir deux fois.

M’évader ? Durant la première heure de ma descente dans la mine, j’y songeai. Ce fut pour me convaincre de l’imbécillité d’une pareille pensée. Seul de ma race, épié sans répit, affaibli, comment pourrais-je tromper la surveillance de mes gardiens, forcer les portes secrètes, trouver mon chemin à travers les galeries, faire fonctionner l’ascenseur... et, ensuite, revenir à la surface ?

Fangar était mort. Grosé ? Qui pouvait savoir ce qu’il était devenu. Et Rair était plus puissant que jamais !

Non. Il fallait abandonner toute pensée de fuite et de vengeance et se résigner à la folie ou à la mort. Pas d’autre alternative !