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Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/157

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Je travaillai en ruminant ces désespérantes idées.

Enfin vint l’heure du repos.

Sous le fouet, je grimpai hors de la tranchée, et me mis en file avec les hommes-singes, comme moi chargés de chaînes que l’on vérifia, maillon par maillon. Et nous fûmes poussés comme du bétail dans nos dortoirs.

Ici, l’action de la pesanteur n’était pas équilibrée, comme à Illa, par des planchers antigravité. Tout au contraire, la profondeur où nous nous trouvions l’accentuait encore.

Déjà affaibli, je marchai avec peine et arrivai enfin dans le dortoir, ou plutôt l’écurie -— une longue galerie jonchée de paille métallique — qui nous servait de logement.

Je dus, comme mes compagnons de misère, manger, absorber des mélanges dégoûtants, des herbes cuites, de la chair d’animaux — débris des porcs et des singes tués pour alimenter les machines à sang. Mon estomac, qui n’avait jamais absorbé que de l’eau pure depuis ma naissance, se révolta... ce qui fit ricaner mes grossiers compagnons.

Je finis par m’endormir.

Que dire de mon existence pendant les jours qui suivirent ? Je fus fouaillé, criblé de coups d’aiguillon par les surveillants. Mes compagnons