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Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/158

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de misère, les hommes-singes, loin de me plaindre, se divertirent de me voir frappé et maltraité. Plusieurs d’entre eux, même, une fois dans le dortoir — dans l’étable — prirent plaisir à m’empêcher d’approcher des baquets où nous nous repaissions. Car j’avais fini par manger, par avaler les immondes débris dont je devais me soutenir... Il le fallait ! Que je mangeasse ou non, je devais travailler.

Peu à peu, je prenais une mentalité de brute. Parfois, je me surprenais à attendre avec impatience l’heure de me repaître ! Moi qui avais méprisé Hielug !

Je travaillai, je courbai le dos sous les coups, je subis les brutalités de mes sauvages compagnons.

Je ne devins pas fou... Rair voulait faire durer ma misère !

De temps à autre — je ne saurais dire à quels intervalles, car il m’était impossible de mesurer le temps — Limm apparaissait dans la crypte.

Il venait me contempler ; il me considérait en ricanant. Il buvait sa joie de me voir ainsi abaissé, moi qui avais été son chef, moi qui l’avais méprisé avec juste raison et ne le lui avais pas caché, à cet espion !

Peu à peu, je m’endurcis. Mes muscles gon-