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Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/163

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m’émerveilla, il mit ses congénères au courant de nos projets. Il employa peu d’arguments, toujours les mêmes. D’abord, on tuerait les surveillants, on ne travaillerait plus, on mangerait autant qu’on le voudrait. Et on irait dans un endroit merveilleux où les hommes-singes seraient les maîtres et, à leur tour, fouetteraient leurs surveillants.

C’était simple et facile à comprendre.

Et les brutes ne demandaient qu’à se laisser convaincre. Ils ignoraient -— heureusement — qu’une révolte semblable, tentée deux siècles auparavant, avait misérablement échoué, et que les mutins avaient été suspendus tout vivants à des crocs de métal, comme des animaux de boucherie, au-dessus des tranchées de minerai, où ils étaient restés à agoniser, pour servir d’exemple à leurs congénères. Leurs cadavres, momifiés pour éviter une épidémie, avaient pendant longtemps orné la sinistre crypte. Tous les écoliers d’Illa savaient cela. Les hommes-singes, non. On avait jugé qu’il valait mieux qu’ils ne le sussent, afin d’éviter, malgré tout, qu’ils aient la pensée de recommencer la tentative.

Tandis que mon ami Ouh... mon ami, un homme-singe, à moi qui avais guidé les armées d’Illa, ô Rair !... oui, tandis que mon ami Ouh