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Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/166

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brutes, si elles savaient peu de choses, les savaient bien. Leurs sentiments étaient simples. Tous haïssaient leurs bourreaux. Tous se réjouissaient à l’idée de les tuer. Ils ne voyaient pas plus loin.

Leurs chaînes étaient solides, ou l’avaient été.

Endormi, comme ses subordonnés, dans une sécurité stupide, et, de plus avare et avide, Ghan, le directeur de la mine, n’avait pas fait changer ces chaînes depuis longtemps, bien qu’il se fût fait payer le prix de nouvelles entraves par le trésorier du Conseil suprême. Aussi la plupart de ces chaînes étaient-elles oxydées par l’épaisse humidité qui régnait éternellement dans les profondeurs de la mine, et qui était produite par l’évaporation de l’eau des cascades, dont les ventilateurs ne parvenaient pas à expulser les vapeurs.

En un quart d’heure, peut-être, tout fut fini.

Leurs chaînes sciées, leurs quatre membres libres, les hommes-singes, rampant sans bruit sur leurs quatre mains, leurs yeux jaunes luisant comme des disques d’or, atteignirent les portes de leurs étables.

Elles étaient solides, ces portes. Mais, dans chaque étable-dortoir, un énorme bloc de minerai avait été secrètement introduit. Un bloc pesant un millier de kilos. Soulevé par deux